Akli D - Ma Yela

C'est la toute première chronique, et j'en ai un peu honte quoi... Mais bon il faut savoir apprendre de ses erreurs.

Avec l'âge j'ai appris que je ne pouvais regarder la totalité de mon corps; il m'était, et il m'est impossible de regarder mon dos. Oui, information frivole, triviale, stupide même. Avec l'âge j'ai appris que j'avais perdu une culture, une langue, et pas des moindres, celle de mes ancêtres. Mais à l'inverse de mon dos, qui lui, ne le verrai-je jamais donc, cette langue perdue avec tristesse, arrachée par maladresse, bien avant ma venu en ce monde, devient maintenant, pour moi, palpable.

Akli D, est donc l'un de ces fervents défenseurs de cette langue, qui, en ses mains, devient plus malléable.

Au premier abord, sous sa chevelure touffue, on aperçoit un mec sympa, souriant, sociable. Oui, il l'est. Mais ce qui est plus étonnant avec ce gars, c'est qu'il est l'un de ces hommes qu'on envie. Il est l'un de ces artistes qui vivent de leurs bohèmes, car ils ont su injecter en leurs musiques cet âme, qui à l'écoute, enivrent l'auditeur.

Originaire d'un petit village de Kabylie, bercé par les chants traditionnels, il a vu ses racines s'enracinaient de plus en plus en ces terres d'opprimés. Son amour pour la musique grandit à l'âge de treize ans, quand il chante, une guitare à la main, devant un public de lycéen.

Que de grands noms lui collent à la peau: Slimane Azem, Idir, Cheikh El Hasnaoui ou même Bob Dylan.

Après les évènements du "printemps berbères", il entreprend dès lors de quitter l'Algérie pour la France. C'est ce qu'il fit. Commence alors une vie où il se trimbale avec un banjo à travers divers bars. Le "destin" l'emmène ensuite en Amérique...

Bien des destinations qui nous ramènent à un album: Ma Yela; son deuxième album, sortit en 2006.

Akli D - Ma Yela Pochette_album_akli-14b8c

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Ma Yela est un album qui résume les péripéties perpétrées par Akli jusque là. C'est un album qui voyage, tout comme son auteur, d'une note à une autre, usant d'une panoplie d'instrument. Entre gumbri, mandole, banjo et guitare folk, on ressent toute la mosaïque que nous offre ce changement de style offert à tout chanceux de découvrir ces sons.

On peut alors, en écoutant Ma Yela, se déplacer de la Méditerranée au Sahel, de Soug Ahras à Tindouf, et ce, tout en restant collé à son fauteuil, au volant de sa voiture, ou en ayant son cul collé à sa chaise.

Ses chansons traitent de l'exil, de l'histoire vécu, de la hogra ou parfois, de paix et de fraternité.

C'est alors qu'on peut, dans la chanson Salam, écouter un appel lancé à tout être conscient, invitant à la paix, où il usent d'amazigh, l'arabe et de l'hébreu: Salam Alikum, azul felawen, alikum shalom. Une chanson où le violon s'impose, et où le kerakbou et la derbouka sont de mise.

En plein voyage, on peut, en roulant en voiture, rater un détail, mais Tabrats ne passe en aucun cas inaperçue. C'est une chanson où sa voix, appropriée au style de la chanson kabyle se mêle à une voix angélique d'une femme qui hérite des cries des femmes chaouis, et où il cite la reine Tinhinan et Lala Fatma n'Soumer, femmes algériennes, qui ont, par un passé lointain ou proche, su defendre ce pays farouchement. Où le violon et la flute, grâce à leur ébat amoureux, rende cette chanson unique.

Mais exil oblige, Barman reste une chanson incontournable. Avec humour et poésie, il traitera de son exil:

Citation :: Hé ! Monsieur le Barman
Un dernier pour la route
Sans commentaire
Il est trop tard pour que je t’écoute
C’est comme ça que j’affronte mes nuits solitaires
Car ici, le jour c’est la vie et le soir c’est l’exil

Pour oublier que je suis étranger
C’est dans l’ivresse que je me retrouve
Pour trouver le chemin de mes rêves,
Seul le kif pour m'évader.[...]

Toi mon exil,
Ma prison aux portes ouvertes
Je n’ai nulle part où aller
Que toi pour me garder
D’ici j’entends Mon Algérie pleurer
ses enfants d’autrefois,
Qui se battent pour un autre pays,
pour une autre identité.

Une dernière pour la route, Ar Paris; une chanson où il se livre, et étale l'amour qui éprouve, pour nul autre que Paris. Paris avec ses rues, ses boulevards. Paris où il a connu la bohème. Paris où il a vu sa vie basculer. Paris, l'unique. Paris, tout simplement.

En somme, c'est un album à découvrir. A trouver et à télécharger, à ramener en provenance du ciel ou à extraire de la terre.

Son site: Akli D

Belle chronique Zack Wink

j'ai fait un tour sur son site " bien foutu " , ya méme des songs en écoute libre , là je suis entrain d'écouter Malik .
question : toutes les chansons sont en kabyle ?

Oui, seulement, Salam, Good morning Tchétchénia, et Tavrats qui, elle, est chantée en kabyle, mais il traduit au fur et à mesure en français.

J'te cacherai pas le fait que je n'y comprends rien, j'ai lu les lyrics sur son site Razz

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